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très agréable d’être malicieuse, parce qu’on amuse tout le monde. Sophie est très amusante.

Camille.

C’est vrai, mais elle fait de la peine quelquefois, et il vaut mieux ne pas amuser et ne jamais chagriner personne.

Sophie.

Camille a raison : j’ai souvent des remords d’avoir taquiné et peiné mes cousins et cousines, et c’est désagréable d’avoir des remords.

Jeanne.

En quoi est-ce désagréable ?

Sophie.

Parce qu’on sent qu’on a été méchant ; on voudrait demander pardon, et on a honte. On ne sait comment faire, et on est triste.

Jeanne.

Moi, je ne serais pas si bête. Si j’avais fait une méchanceté, je demanderais vite pardon et je ne recommencerais pas.

Sophie.

Tu as raison ; je tâcherai de le faire une autre fois.

Léonce.

Ha ! ha ! ha ! c’est très joli, cela ! Tu veux donc être méchante, puisque tu dis qu’une autre fois…

Sophie.

Tu m’ennuies, toi, avec tes réflexions. Dis-nous plutôt si les pauvres chevaux lâchés ont été mangés par les loups.

Léonce.

Je n’y ai pas pensé ; faut-il les faire manger ?