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Sophie.

Par exemple ! si tout le monde pleure au lieu de raconter, nous n’aurons pas d’histoires.

Jeanne.

C’est trop difficile de raconter ; je n’ai rien dans la tête et je ne me souviens de rien d’amusant.

Sophie.

Tu feras comme moi, tu conteras une histoire bête.

Jeanne.

On se moquera de moi comme on s’est moqué de toi ; crois-tu que ce soit agréable ?

Sophie.

Tant pis pour ceux qui se moquent. On se venge en se moquant aussi.

Jeanne.

C’est que je ne veux pas me moquer, cela me fait de la peine ; je n’ai pas autant d’esprit que toi.

Sophie.

Ce qui veut dire que tu es meilleure que moi. Il ne faut pas avoir d’esprit pour se moquer, mais seulement un peu de méchanceté.

Marguerite.

Tu es donc méchante, toi ?

Sophie.

Je crois que oui ; demande à Camille.

Camille.

Non, Marguerite, elle n’est pas méchante, mais un peu malicieuse et trop vive.

Marguerite.

Eh bien, sais-tu ce que je pense, moi ? que c’est