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rien que le galop du cheval, puis quelques hurlements éloignés, puis rien. Deux heures se passèrent dans la plus vive inquiétude. On n’entendit plus aucun bruit ; une troisième heure se passa, rien encore.

« Je vais partir, dit M. Bogoslafe : notre pauvre Nikita a sans doute été dévoré par les loups.

— Attendez encore, lui dirent sa femme et ses enfants. Une heure encore ! »

M. Bogoslafe attendit une heure et se prépara à partir malgré le désespoir et la terreur de sa femme et de ses enfants. Il allait monter à cheval, lorsqu’un bruit étrange l’arrêta. « Encore une bande de loups ! » dit-il.

Le bruit approchait. Des hourras, des cris de joie rassurèrent la malheureuse famille, qui devina sans peine que c’était l’escorte amenée par Nikita. « La porte, maître ? » cria Nikita d’une voix triomphante.

La porte s’ouvrit ; le maître se jeta dans les bras de son serviteur et l’embrassa comme un frère ; Nikita était rayonnant. On attela huit chevaux frais et vigoureux à la voiture ; la famille Bogoslafe y monta ; Nikita prit sa place sur le siège, et la voiture partit au galop, suivie et entourée d’une escorte de deux cents cavaliers.

On arriva sans autre accident chez le vieux grand-père, qui fit distribuer à l’escorte de l’eau-de-vie et de l’argent. Nikita reçut le jour même sa liberté et une somme d’argent considérable. Il demanda à son maître de rester cocher à son ser-