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Pierre.

Mais nourrice viendra avec nous ; tu sais qu’elle vient toujours avec nous chez grand’mère.

Henri.

Oui, mais pas aujourd’hui ; elle a trop de chagrin pour rire et jouer.

Pierre.

Au contraire, ça la distraira, elle ne pensera pas à sa mère pendant qu’elle s’occupera de nous.

Henri.

Tu crois ? Alors j’irai ; mais avant je lui demanderai si elle aime mieux venir chez grand’mère ou rester avec moi à la maison.

La maman.

Je suis sûre, cher enfant, qu’elle aimera mieux vous accompagner tous les deux que de te priver du plaisir que tu te promettais de dîner avec tes cousins et cousines. Mais j’approuve beaucoup le sacrifice que tu voulais faire et qui prouve ton bon cœur. »

Peu de temps après, la nourrice rentra, Henri lui donna, de la part de sa maman, le châle et la robe qu’il avait portés par avance dans sa chambre, et lui demanda si elle voulait qu’il restât à dîner avec elle.

Henri.

Vois-tu, ma pauvre nourrice, tu es triste ; cela te fera de la peine de voir jouer et rire les autres. Je voudrais bien ne pas jouer ni rire et rester près de toi, mais j’ai peur de ne pas pouvoir ; je rirai malgré moi en voyant rire les autres.