Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/297

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Combien de temps devrons-nous rester ici ? demanda Mme Bogoslafe.

— Je ne sais, répondit le mari ; nous ne pourrons sortir avant le départ des loups ; j’ignore quelles sont leurs habitudes dans ces occasions. Que penses-tu, Nikita ? Combien de temps allons-nous être entourés par les loups ?

— Quand ils ont poursuivi des gens qui leur échappent, maître, ils ont l’habitude de ne pas les quitter si promptement. Demain ils seront encore là, à moins qu’ils ne se mettent à la poursuite de quelque autre voyageur qui pourrait être moins heureux que nous.

— Tu crois, Nikita, que nous devons passer la nuit dans cette grange ?

— Oui, maître ; je serais bien étonné que les ennemis nous laissassent tranquilles avant demain.

— Et comment allons-nous faire ? Hommes et chevaux nous n’avons ni à boire ni à manger.

— Pardon, maître, la nourriture ne manquera pas : j’en ai rempli les deux grands coffres de la voiture ; et quant à la boisson, il doit y avoir ici une citerne : on a toujours soin d’en faire une dans ces granges qui doivent servir de refuge contre les loups.

— Mais tes chevaux, que leur donneras-tu ?

— D’abord, maître, j’ai un grand sac d’avoine sous le siège, et puis les pauvres bêtes n’ont guère envie de manger, elles ont trop peur. Pour ce qui est du coucher, il ne manque pas de paille dans ce coin. Non, non, nous ne manquerons de rien. »