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Jeanne.

Qu’est-ce qu’il avait ?

Léonce.

Une hydropisie, c’est-à-dire une enflure énorme du ventre, qui se remplit d’eau et qui vous étouffe. Ils allaient donc en Lithuanie ; la neige couvrait déjà la terre ; on avait mis la grande voiture, qui contenait toute la famille, sur des patins.

Henri.

Qu’est-ce que c’est, des patins ?

Léonce.

Des patins sont des traîneaux sur lesquels on attache les voitures quand il gèle et quand il y a de la neige. Ne m’interrompez plus, vous me dérangez ; je ne sais plus où j’en suis…

On avait mis la grande voiture sur des patins ; on y avait attelé huit bons chevaux, et on n’allait pas très vite, parce que la course était longue et qu’on ménageait les chevaux pour la traversée de la forêt. Une fois arrivé à la forêt, le cocher devait fouetter les chevaux et marcher vite, pour ne pas donner aux bandes de loups le temps de se rassembler et de les poursuivre : car il faut vous dire que les forêts de ces pays sont pleines de loups. Quand on en rencontre un, deux, trois même, on s’en moque, parce que les loups sont poltrons et qu’ils n’osent attaquer les voitures que lorsqu’ils sont en bandes.

On arrive à la forêt ; le cocher arrête ses chevaux quelques minutes, leur donne de l’avoine, leur remet leurs brides et entre dans la forêt. Les che-