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car elle ne se trouvait jamais satisfaite et criait sans cesse. Modeste, au contraire, était douce et tranquille et ne criait jamais.

Le roi et la reine auraient dû préférer Modeste à Insatiable ; mais la reine sentit une grande affection pour Insatiable et une grande indifférence pour Modeste. À mesure que les deux petites filles grandissaient, Insatiable montrait de plus en plus son mauvais caractère ; elle voulait être seule caressée, soignée. Modeste avait beau lui céder tout ce qu’elle possédait, jamais elle ne parvenait à la contenter.

Un jour, Modeste mangeait un gâteau que lui avait donné une des dames de la reine ; Insatiable, qui en avait déjà mangé deux, voulut avoir celui de sa sœur ; Modeste avait faim et ne voulut pas lui donner le sien. Insatiable se jeta sur elle pour le lui arracher, mais elle ne put pas le saisir ; elle avait beau allonger le bras, ouvrir la main, elle ne pouvait atteindre le gâteau. Elle se mit à pousser des cris de rage ; la reine voulut la contenter et prendre le gâteau, mais elle aussi ne put pas l’avoir. Elle se souvint alors de ce que la fée Bonsens avait ajouté au don de Prodigue et en fut très mécontente. Son humeur se porta sur la pauvre Modeste.

« Emportez cette petite, dit-elle ; elle est insupportable ; elle ne fait que contrarier et faire crier sa sœur. »

Un autre jour, Insatiable vit un nid d’oiseaux-mouches dans les mains de Modeste.