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poignée de sable et la lance comme la première en choisissant un bon moment. La mère commence à se douter que c’est de son petit que lui vient le sable ; elle est plus attentive que jamais et se retourne au moment où le petit lançait sa poignée. Elle jette sa carotte, s’élance sur le petit, qui n’a pas le temps de s’esquiver, lui donne deux énormes soufflets et s’apprête à le battre ; les cris du petit attirent les autres singes, qui se rassemblent autour de la guenon et du petit, et prennent parti, les uns pour elle, les autres pour lui. Ils se mettent tous à gronder, à siffler, à claquer des dents ; ils se lancent quelques tapes, puis se jettent les uns sur les autres, et dans peu d’instants la bataille devient générale ; ils se mordent, ils se griffent, ils se roulent et se piétinent ; enfin, ce sont de tels cris, de tels hurlements, que les gardiens arrivent, séparent les combattants à grands coups de fouet et les font rentrer chacun dans sa cellule ; le petit a été rendu à sa mère et aura reçu une bonne correction pour son impertinence. Cette scène nous a beaucoup amusés, surtout quand tous les singes sont accourus et ont commencé à se disputer ; la triste impression de l’homme et de l’ours a été tout à fait effacée par la visite aux singes, et nous sommes partis riants et très gais.

Voilà ma seconde histoire. J’ai fini.

— Très bien ! très bien ! s’écrièrent les enfants ; tes histoires sont très jolies.

Pierre.

Qui est-ce qui doit en raconter une après ?