Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/268

Cette page a été validée par deux contributeurs.

C’est très bien, ce que dit Sophie ; n’est-ce pas, mes amis ? J’aime beaucoup la simplicité avec laquelle Sophie s’accuse quand elle a mal fait.

Camille.

Parce qu’elle est réellement bonne et sans orgueil ; elle s’aperçoit qu’elle a mal fait, elle l’avoue tout de suite.

Sophie.

Prends garde, Camille, de m’en donner de l’orgueil, avec tes éloges. Écoutons plutôt l’histoire d’Élisabeth.

Élisabeth.

Après le départ de la dame et du voleur, personne ne voulut retourner aux bêtes féroces, et nous sommes allés voir les singes. Il faisait beau et chaud, tous les singes étaient dehors sous leur grillage. Ils s’amusaient à plusieurs jeux ; les grands se battaient presque continuellement. J’aperçus dans un coin une guenon avec son petit singe ; elle le mettait par terre, et le petit criait toujours pour qu’elle le reprît dans ses bras : enfin, la mère, ennuyée, donne à son petit un grand soufflet ; le petit se frotte la joue tout en regardant la guenon d’un air furieux. Elle se lève et fait quelques pas ; le petit court après et lui marche sur la queue ; elle se retourne : le petit avait sauté lestement de côté. La guenon continue à marcher gravement ; le petit recommence à lui marcher sur la queue sans que sa mère le voie.