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mon cœur ! » et elle a demandé s’il était pauvre, s’il avait besoin de quelque chose ; et comme on lui a répondu qu’il allait probablement mourir, elle a demandé en grâce qu’on allât lui chercher un prêtre pour le consoler et le faire mourir en demandant pardon au bon Dieu. On le lui a promis, elle a donné de l’argent pour payer une voiture pour emmener l’homme à l’hôpital ou chez lui, et elle a laissé son adresse pour qu’on lui fît savoir où il demeurait.

« Je lui enverrai, a-t-elle dit, une bonne sœur pour le soigner et un saint prêtre pour l’assister. »

Puis elle est partie en voiture avec son petit Paul.

Voilà mon histoire terrible. À présent, je vais vous raconter l’autre.

Madeleine.

Elle est, en effet, bien terrible, cette histoire, et très intéressante.

Marguerite.

Ce qui prouve combien elle était intéressante, c’est que Sophie n’a pas interrompu.

Sophie.

Tiens ! c’est vrai, je n’y ai pas pensé. Au reste, soyez tranquilles, je n’interromprai plus, car je vois que c’est par malice que je le fais, pour impatienter celui qui raconte, et me venger ainsi de vos interruptions pendant que je racontais. Mais, je le répète, c’est fini, je n’interromprai plus.