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— Ah ! monsieur s’amuse à ces tours-là ! m’a-t-elle répondu d’un air indigné. Je n’aurais jamais cru qu’un homme raisonnable comme monsieur pût s’amuser à ces choses-là. Il m’a fait passer une nuit terrible, il peut s’en vanter. Madame pense que ce n’est pas agréable de savoir le diable à sa porte, comme je l’ai cru toute la nuit. Et mon bonhomme aussi n’a pas dormi seulement une miette. Il était plus tremblant que moi. J’en fais bien mon compliment à monsieur ! Un joli jeu qu’il a trouvé ! Une jolie leçon qu’il a donnée aux enfants ! Enivrer mes poules, vraiment ! Perdre de l’eau-de-vie à une pareille malice !

— Calmez-vous, ma bonne Mathurine, lui ai-je répondu ; il ne recommencera pas, je vous le promets. »

Et elle s’est retirée grondant encore et fort indignée.

On s’amusa beaucoup de la colère de la pauvre Mathurine, et on résolut d’aller en corps lui faire des excuses de la mauvaise nuit qu’on lui avait fait passer. Elle reçut d’abord assez mal la députation ; mais elle s’adoucit par degrés, et finit par rire avec M. Éliant et les enfants.