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tuer. Le médecin a expliqué à maman que le sang crevait le cerveau et coulait partout sous la peau, et d’autres choses que je n’ai pas très bien comprises.

Voilà mon histoire. Je vois qu’elle vous a beaucoup amusés, car vous ne m’avez pas interrompu.

Jacques.

Oui, elle est très amusante, mais je ne la trouve pas terrible.

Pierre.

Tu ne trouves pas terrible que ce pauvre cochon meure en dormant ?

Jacques.

Ma foi ! non. Il meurt en gourmand ; ce n’est pas touchant ni effrayant.

Camille.

Mais c’est très amusant et très bien raconté.

Pierre.

Et toi, Sophie, tu ne dis rien ?

Sophie.

Je réfléchis pour savoir si ce que tu as raconté est possible, et… je crois que non.

Pierre.

Comment ! non ? Puisque je vous dis que je l’ai vu, que c’était devant moi que le cochon a mangé le cassis, a été ivre, a dansé, sauté, joué, et qu’enfin je l’ai vu mort et sa maîtresse désolée.

Sophie.

Je sais bien que tu l’as dit, mais je crois que c’est pour nous amuser, comme fait grand-mère, qui commence souvent : « Quand j’étais petite », et