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Henri.

Console-toi, ma chère nourrice, je te donnerai toutes mes pièces d’argent.

La nourrice.

Ce n’est pas cela qui me consolera, mon cher petit.

Henri.

Et puis je t’achèterai du pain d’épice, tu sais, ce pain d’épice que tu aimes tant… et puis je te donnerai…, je te donnerai… Quoi donc ? ajouta-t-il en regardant autour de lui avec angoisse. Je n’ai rien,… rien que des joujoux.

la maman.

Donne-lui ton cœur, mon Henri ; c’est ce que tu pourras lui donner de plus agréable.

— Mon cœur ? dit Henri en déboutonnant son habit et en ouvrant sa chemise. Mais comment faire ? il me faudrait un couteau.

— Mon cher petit, dit la maman en souriant et le prenant dans ses bras, ce n’est pas le cœur qui bat dans ta poitrine que je veux dire, mais la tendresse de ton cœur, ton affection. »

La nourrice embrassa aussi en souriant ce bon petit Henri, qui avait été prêt à se laisser ouvrir la poitrine pour consoler sa nourrice.

Pierre, pendant ce temps, avait réfléchi au moyen d’adoucir un chagrin qui l’affligeait profondément, et il avait trouvé.

« Nourrice, dit-il, j’ai cinq francs, je ferai dire cinq messes pour ta pauvre mère, et nous irons prier pour elle, afin qu’elle soit bien heureuse près du bon Dieu.