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« Nous avons des mains de meunier ! s’écrièrent les enfants. — Tenez, regardez Marc, il a de la farine partout. — Et le cuisinier aussi ! Et Philippe, son habit en est plein !

— C’est Michel qui est le voleur, dit le papa en s’avançant vers lui.

— Moi, monsieur ! répondit Michel tremblant. Le panier n’a pas bougé ; personne n’a rien entendu ; j’ai retiré ma main comme les autres.

— Parce que tu n’as pas osé, te sentant coupable, la plonger dans le panier ; tu as cru à ce que j’avais annoncé. Le panier contient simplement de la farine ; ceux qui n’avaient aucun sujet de crainte se sont couvert la main de farine ; toi, qui te sentais coupable, tu as craint d’être découvert et tu as laissé ta main sous la serviette sans ouvrir le panier. »

M. d’Aurlin se tourna vers le père de Michel  :

« Je chasse votre mauvais garnement de fils, lui dit-il. Qu’il soit parti demain matin.

— Monsieur est bien sévère pour mon pauvre garçon ; quelques images ne méritent pas une punition aussi forte.

— Il les a prises avec une habileté effrayante ; ensuite il a voulu faire croire à la culpabilité du pauvre Marc, et il a eu la méchanceté de les cacher dans les effets de ce pauvre garçon. Si vous trouvez cette abominable action peu de chose c’est que vous seriez capable d’en faire autant, et je vous renvoie avec votre fils. Partez tous deux demain. Venez, mes enfants, laver vos mains en-