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naître le voleur d’images. Chacun va venir à son tour mettre la main dans ce panier sans dire une parole et retournera à sa place également sans parler et sans bouger ensuite, quelque merveilleuse que lui ait semblé la chose qu’il touchera dans le panier. Rien ne bougera pour tous ceux qui sont innocents ; mais, quand ce sera le voleur qui enfoncera sa main, il sortira du panier un vacarme épouvantable, et la main du voleur sera prise par le couvercle de façon à ne pouvoir la retirer. Mais il faut de l’obscurité pour cette opération. Emportez les lumières dans la chambre à côté et laissez-nous la porte à peine entrouverte, seulement pour voir la table et pouvoir trouver le panier. »

Arnaud (le valet de chambre) emporta les lampes ; on y voyait à peine assez pour ne pas se cogner les uns contre les autres.

« Commencez, mes enfants », dit le père.

Les enfants s’avancèrent, plongèrent la main dans le panier et retournèrent à leur place. Les domestiques en firent autant chacun à leur tour ; on n’entendait rien. Michel vint le dernier. Quand il eut fini, on l’entendit pousser un soupir de satisfaction.

« Apportez les lumières », dit le père.

Arnaud rapporta les lampes.

« Levez tous la main que vous avez plongée dans le panier. »

Toutes les mains se levèrent ; elles étaient couvertes de farine. Michel seul avait la main propre comme auparavant.