Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les deux enfants poussent un cri et pleurent tous deux. La maman cherche à consoler la nourrice et les enfants.

La maman.

Ma pauvre nourrice, il faut remercier le bon Dieu de vous avoir donné la consolation de passer quinze jours avec elle tout dernièrement et de l’avoir vue se confesser et communier le dimanche qui a précédé votre départ. Pieuse comme elle l’était, vous êtes certaine de son bonheur ; elle est avec le bon Dieu, la sainte Vierge et les anges, et elle remercie Dieu de l’avoir retirée de ce monde.

La nourrice.

C’est vrai, madame, mais c’est tout de même bien triste pour moi de ne plus la revoir.

La maman.

Pas dans ce monde, nourrice, mais dans l’autre ! toujours, pour ne plus la quitter.

La nourrice.

C’est tout de même bien triste. Et mes pauvres enfants qui l’aimaient tant !

La maman.

Ils vont rester avec leur grand-père et leur tante.

Henri, sanglotant.

Quel malheur que ce ne soit pas le beau-père de nourrice qui soit mort ! elle n’aurait pas pleuré alors. »

La nourrice ne put s’empêcher de sourire malgré son chagrin ; elle embrassa tendrement le bon petit Henri.