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Léonce.

On les jette au fumier.

Sophie.

Je ne t’écoute pas seulement. « On les pile en poudre dans des mortiers, puis on mêle cette poudre avec de l’huile de sésame et avec du miel, et cela devient une confiture excellente. »

Henri.

Et puis ?

Sophie.

Et puis voilà tout ! On la mange.

Pierre.

Tu appelles cela une histoire ?

Sophie.

Attends donc, je n’ai pas fini. L’abbé Huc a dit encore que les Chinois sont très méchants, qu’ils tourmentent des hommes, qu’ils les coupent en morceaux sans que cela leur fasse pitié ; ils jettent leurs enfants tout petits aux cochons ; ils battent leurs femmes, ils vendent leurs filles, ce qui est abominable, et beaucoup d’autres choses comme cela très amusantes.

Léonce.

Mais cela ne nous amuse pas du tout.

Sophie.

Parce que tu es un nigaud… Demande aux autres. »

Personne ne répond. Sophie regarde : ils dorment ou font semblant de dormir tous, excepté Camille, qui craint de faire de la peine à Sophie.