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je te donne ma maison et mes biens ; le papier que je te remets te donne le droit d’en disposer. Je te remercie de ce que tu as fait hier pour moi. Adieu, Lamalice ; tu es une bonne fille, je ne t’oublierai jamais.

— Adieu, monsieur Esbrouffe, répondit Lamalice, moi aussi je vous remercie de ce que vous faites pour moi ; j’accepte avec reconnaissance, je ne vous oublierai pas non plus. »

Elle tendit sa main à Esbrouffe, qu’il serra, qu’il baisa ; puis il sortit après lui avoir remis la clef de sa maison.

Aussitôt après son départ, Lamalice courut voir sa nouvelle propriété. La maison était grande, jolie, bien meublée ; mais comment y vivrait-elle seule ?

À peine avait-elle fait cette réflexion, qu’elle entendit gémir dans le chemin ; elle regarda par la fenêtre et vit avec surprise la pauvre famille qu’elle avait secourue deux jours auparavant. N’ayant pu payer leur loyer, on les avait chassés, et ils ne savaient ce qu’ils allaient devenir.

Lamalice alla à eux, leur parla, leur proposa de venir demeurer avec elle, ce qu’ils acceptèrent avec une joie extrême. Les chambres et les lits ne manquaient pas dans la nouvelle maison de Lamalice ; les pauvres gens s’y installèrent tout de suite ; un déjeuner abondant se trouva servi comme le souper de la veille. Lamalice mena une vie douce et heureuse au milieu de