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il est vrai, révélé à ta parente le secret de la puissance du dé, mais tu avais fait un bon usage de mon présent ; tu as puni Esbrouffe dans une sage mesure ; tu as été charitable envers une pauvre famille ; tu n’as pas profité pour t’enrichir des vertus du dé. Tu t’es repentie de ta désobéissance ; tu t’es dévouée pour des parents qui ne méritent pas ton affection ; tu as rendu à Esbrouffe le bien pour le mal. C’est moi qui ai changé les sentiments de la foule à ton égard. Sans moi, tu aurais été brûlée comme sorcière. À l’avenir, je veillerai sur toi ; tu ne connaîtras ni la misère, ni la maladie, ni le malheur. Adieu, ma fille ; mange le repas que je t’ai préparé ; ne crains plus Esbrouffe, et si tu as jamais besoin de moi, appelle-moi. »

Lamalice remercia respectueusement et affectueusement la souris et lui demanda la permission de lui baiser la patte ; la souris y ayant consenti de bonne grâce, Lamalice se baissa jusqu’à terre ; la souris avança sa patte, que Lamalice baisa avec reconnaissance. Pendant qu’elle se relevait, la souris disparut.

Lamalice soupa de bon appétit, se coucha ensuite, et dormit d’un profond sommeil.

Le lendemain, de bonne heure, elle vit Esbrouffe entrer chez elle, ce qui l’effraya fort, puisqu’elle était seule en sa puissance.

« Lamalice, lui dit-il sans lever les yeux sur elle, prends ce papier ; tu es bonne et je t’ai fait du mal, j’ai cherché à le réparer. Je quitte le pays pour n’y jamais revenir ; j’emporte mon or,