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parce que c’est tous les jours la même chose ; il faut se lever, se laver, s’habiller. Crois-tu que ce soit amusant ?

Pierre.

On dirait que tu es le seul. Je le fais bien, moi, tous les jours, et je ne grogne pas comme toi.

Henri.

D’abord, toi tu es vieux ; ainsi ce n’est pas étonnant.

Pierre.

Non, je ne suis pas vieux ; mais je suis raisonnable, tandis que tu ne l’es pas, toi.

Henri.

Tu es raisonnable parce que papa dit que tu as l’âge de raison ; sans cela tu ne le serais pas. »

Pierre rit, la nourrice rit, Henri se fâche ; ses grands yeux noirs commencent à briller ; ses joues rougissent, il regarde Pierre et la nourrice avec un air de lion en colère ; la nourrice ne rit plus et arrête l’explosion en disant :

« Voyons, voyons ; nous perdons tous notre temps ; Mlle Albion va venir pour les leçons, et aucun de vous ne sera prêt. Vite, Pierre ; vite, mon petit Henri ; finissez de vous débarbouiller et de vous habiller. »

Pan, pan, on frappe à la porte.

La nourrice.

Qu’est-ce que c’est ? Entrez.

Un domestique.

C’est le déjeuner des enfants, et une lettre pour vous, nourrice.