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s’approcha avec précaution, parla doucement au chat, et voulut saisir le dé dans un moment où il roulait à terre. Un coup de griffes de Minet lui déchira la main et lui fit pousser un cri ; d’une autre main elle chercha à rattraper le dé qui roulait vers elle ; le chat allongea sa patte, couvrit le dé de ses griffes et resta immobile, regardant Lamalice avec des yeux flamboyants.

« Voyons, en voilà assez, dit Esbrouffe ; j’ai fini mes poires, va-t’en.

— Mon dé ! s’écria Lamalice ; votre chat a mon dé sous sa patte !

— Ce n’est pas une grande perte ; mon chat m’est revenu il y a une heure, je ne veux pas qu’on le taquine. Va-t’en et laisse-nous tranquilles. »

Lamalice ne pouvait se décider à s’en aller sans son dé ; Esbrouffe, la prenant par les épaules, allait la mettre dehors, quand elle se souvint de la recommandation de la fée ; se baissant rapidement et touchant son pied gauche, elle dit tout bas :

« Patte cassée, viens à mon secours. »

Au même instant, Esbrouffe se trouva lancé et collé contre le mur de sa chambre ; le chat disparut, et le dé se retrouva au quatrième doigt de Lamalice. Elle quitta tranquillement la maison d’Esbrouffe et rentra chez elle, où elle trouva sa cousine qui l’attendait avec inquiétude ; elle lui raconta le succès de son invocation à la souris.

« En voilà assez pour ce soir, mes amis, dit