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— Vous allez voir, cousine ; je vais chercher deux poires du poirier merveilleux ; je lui dirai que vous étiez venue tantôt les lui apporter, qu’il vous a effrayée, et que cela vous a fait oublier de les lui offrir. Il est gourmand, les poires lui fermeront la bouche, et il me laissera chercher mon dé. Laissez-moi y aller seule ; il aurait peur de nous deux.

— Va, petite, va ; et que Dieu te protège ! »

Lamalice courut chercher les poires, arriva lestement chez Esbrouffe, frappa à la porte et entra.

« Encore toi ! s’écria Esbrouffe avec colère.

— Je vous apporte des poires, monsieur Esbrouffe ; vous avez fait si peur à ma cousine, qu’elle n’a pas osé vous les offrir ; mais je sais que vous les aimez, et je vous les rapporte.

— Tiens, tiens, tiens, dit Esbrouffe avec méfiance. Qu’est-ce qui vous prend donc d’être si généreuses ? Donne tes poires. Bonsoir, petite.

— Pardon, monsieur Esbrouffe ; voulez-vous me permettre de chercher mon dé, que ma cousine a fait tomber chez vous ?

— Cherche, pendant que je mange les poires. »

Lamalice chercha partout, dans les coins, sous les meubles, elle ne trouva rien. En se penchant près du fauteuil d’Esbrouffe, le chat qu’elle avait vu emprisonné dans le char de la souris lui apparut tenant le dé dans sa gueule, le faisant tomber, puis rouler avec ses pattes. Lamalice