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— Je veux bien t’accorder cette dernière demande. Prends ton ouvrage et travaille. »

Lamalice, les yeux troublés par les larmes, cherchait son dé sans le trouver. C’était ce dé qu’elle avait mis par distraction à son quatrième doigt, qui l’avait rendue invisible aux yeux de sa cousine ; aussitôt que Lamalice s’en était aperçue, elle l’avait retiré, et, dans son trouble, au lieu de le mettre dans sa poche, elle l’avait posé près d’elle sur la table. Sa cousine l’avait pris et mis dans sa poche sans y penser.

« Que cherches-tu ? lui demanda-t-elle durement.

— Mon dé, cousine, pour travailler…

— Tu en as plus d’un ; prends-en un autre, il fera tout aussi bien. »

Lamalice n’osa pas répliquer, mais, tout en travaillant, elle regardait de côté et d’autre pour tâcher de retrouver le précieux dé. Son travail n’avançait pas ; il allait mal ; les points étaient inégaux. Sa cousine se plaça près d’elle pour coudre ; elle sortit un dé de sa poche, c’était celui de Lamalice.

« Le voilà, ton dé ! Mais je ne te connaissais pas celui-là. Il va bien à mon second doigt. Je ne sais pas pourquoi ce dé me fait penser à Esbrouffe. Que je voudrais donc savoir ce qu’il fait ! »

À peine avait-elle émis ce vœu qu’elle se trouva dans la chambre d’Esbrouffe, qui comptait son or. Elle poussa un cri d’effroi ; il fut répété par Esbrouffe.