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fée avec toute la vivacité de son caractère et se disposait à s’en aller, lorsque la souris la rappela.

« J’ai oublié de te dire que si tu as jamais besoin de moi, tu n’as qu’à toucher ton pied gauche en disant : « Patte cassée, viens à mon secours. » Conserve soigneusement ton dé et n’en parle à personne. Si tu le perdais ou si tu en faisais connaître la puissance, ton ennemi reprendrait tous ses avantages.

— Merci, madame la souris ; je n’oublierai pas vos recommandations. »

La souris et son équipage disparurent, laissant Lamalice enchantée du présent de la fée ; elle voulut l’essayer sur-le-champ, et, le mettant au quatrième doigt, elle souhaita d’être près d’Esbrouffe. Aussitôt elle se trouva en face de lui et d’un gros tas de pièces d’or qu’il comptait avec avidité.

Quand il vit Lamalice souriante devant lui, il fut saisi d’une grande frayeur.

« Comment es-tu entrée ? Toutes les portes sont fermées ! »

Pour toute réponse, Lamalice passa son dé au second doigt et disparut aux yeux d’Esbrouffe terrifié.

« Lamalice ! dit-il d’une voix tremblante.

— Par ici », dit Lamalice en lui appliquant un violent soufflet sur la joue droite.

Esbrouffe se retourna avec colère, et, ne voyant personne ni auprès, ni devant, ni derrière lui, il resta tremblant et immobile.