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loin. Au bout du jardin, au pied du poirier, la souris entra dans un petit trou et disparut.

« Il m’est impossible de vous suivre dans ce trou, madame la souris, cria Lamalice en riant. Adieu donc, portez-vous bien, vous et votre patte.

— Tu es bien vive, ma fille », dit une voix derrière elle.

Lamalice se retourna et vit un équipage, qu’elle examina avec la plus grande surprise. Quatre gros rats étaient attelés à une énorme carapace (ou coquille) de tortue, dans laquelle était assise la souris sur un coussin de peau de chat. Devant elle était un coffret à barreaux, au travers desquels on voyait un chat garrotté et muselé, et qui ne pouvait exprimer sa fureur que par ses regards étincelants.

« C’est pour te rendre service que j’ai disparu, continua la souris. J’ai pris et muselé le protecteur de ton ennemi Esbrouffe, qui ne pourra plus résister à mon pouvoir et au tien. Voici, ajouta-t-elle, un dé que tu garderas soigneusement : quand il sera à ton troisième doigt, il te fera travailler avec une vitesse et une adresse merveilleuses ; si tu le mets au second doigt, il te rendra invisible ; au quatrième il te donnera une force extraordinaire et la puissance de te transporter où tu voudras ; au petit doigt, il te donnera tout l’or que tu voudras avoir. Au moyen de ce dé, tu pourras effrayer et tourmenter Esbrouffe au point de lui faire fuir le pays. »

Lamalice sourit malicieusement, remercia la