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une assiette ; elle les ramassa, les mit délicatement sur la patte malade de la souris, et l’enveloppa d’un petit chiffon qui traînait dans un coin ; puis elle la posa à terre.

« Lamalice ! » dit une petite voix flûtée.

Lamalice se retourna de tous côtés et ne vit rien.

« Lamalice ! répéta la même petite voix.

— Qui donc m’appelle ? Je ne vois personne, dit Lamalice avec surprise.

— Par ici ! en bas, à tes pieds », dit la petite voix.

Lamalice regarda à ses pieds, et ne vit que la souris, qui la regardait fixement.

« C’est moi qui t’appelle, dit la souris ; je te remercie de m’avoir délivrée, d’avoir soulagé ma souffrance, au lieu de me tuer, comme l’auraient fait tant d’autres. Je veux te témoigner ma reconnaissance ; demande-moi ce que tu voudras, je te raccorderai.

Lamalice.

Vous êtes donc fée, petite souris, que vous parlez si bien ?

La souris.

Oui, je suis fée, et je peux beaucoup.

Lamalice.

À votre place, je profiterais de mon pouvoir pour me donner une autre forme que celle d’une pauvre souris, que tout le monde poursuit et que mange le chat.

La souris.

Ce n’est pas moi qui ai choisi mon triste état,