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aigu, se fit entendre. Lamalice regarda d’où il avait pu venir, et aperçut une souris dont la patte se trouvait prise dans la porte et qui se débattait vainement pour se dégager. Un cri plaintif lui échappait par moments ; Lamalice courut à elle,
« Tu me payeras ton sourire insolent ! »
entrouvrit la porte et la mit en liberté ; mais, la douleur l’empêchant de se sauver, Lamalice la prit et vit sa petite patte sanglante et à moitié coupée.

« Pauvre petite bête ! comme elle souffre ! Cousine, donnez-moi, je vous prie, de l’huile de mille-pertuis.

— Pour quoi faire, enfant ? Tu sais que j’en ai bien peu et que je la ménage.

— Cousine, c’est pour en mettre quelques gouttes à cette pauvre souris, qui a eu la patte écrasée dans la porte.

— Tu crois que je vais user mon huile pour une souris ! Jette cette vilaine bête ! qu’elle se guérisse comme elle pourra ! »

Lamalice ne répondit pas ; dans la chambre à côté, quelques parcelles de beurre restaient sur