Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/147

Cette page a été validée par deux contributeurs.

En moins de cinq minutes, tous les enfants furent rassemblés et remplirent la cuisine ; ce n’était pas, heureusement, le moment du dîner, de sorte qu’ils ne gênèrent personne, excepté la bonne, qu’ils entouraient de si près qu’elle ne pouvait venir à bout de tendre ses ficelles : l’un lui poussait le coude, l’autre lui marchait sur le pied, un troisième lui tirait les mains pour mieux voir. Elle était heureusement douce et patiente, de sorte qu’elle ne se fâchait pas ; elle finit pas arranger sa souricière.

« À présent, dit-elle, que personne n’y touche. Je vais la monter et la placer dans l’armoire. »

Les enfants la suivirent tous.

La bonne.

Si vous faites ce train dans la chambre, la souris se sauvera à l’autre bord du château et nous ne pourrons pas l’avoir.

— Chut ! chut ! dirent les enfants en s’efforçant de ne pas faire de bruit. — Ne me pousse donc pas, Léonce. — Tu m’écrases les pieds, Henri. — Tu me fais mal aux épaules, Élisabeth. — Aïe ! aïe ! tu m’étouffes ! criait Paul. »

Enfin ils parviennent à se caser et à rester tranquilles. Au bout de quelques instants ils entendirent le petit frou-frou dans l’armoire, puis un bruit sec et plus rien.

« La souris est prise, dit la bonne quelques instants après.

— Elle est prise ! elle est prise ! » crièrent les enfants tous à la fois.