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nant, pour rejoindre les autres qui nous attendent.

— Camille ! où est donc Camille ? criaient les enfants au moment où elle entra.

Camille.

Me voici, mes amis ; j’arrive avec maman.

Élisabeth.

Et ton panier, où est-il ? Nous avons chacun le nôtre.

— Je n’en ai pas, dit Camille avec un peu d’hésitation.

— Comment, tu n’en as pas ? Il faut que tu en aies un. Va le chercher, dépêche-toi.

— Je n’en ai pas », répéta Camille.

Les enfants la regardèrent avec étonnement.

La maman.

Camille a trouvé un panier de moins qu’il n’en fallait, mes enfants ; comme c’est elle qui les a remplis et marqués pour chacun, elle s’est sacrifiée, selon son habitude ; elle s’est privée d’un plaisir pour qu’aucun de vous n’en fût privé.

— Bonne Camille ! dirent les enfants les uns après les autres avec un attendrissement visible. Bonne Camille ! » répétaient-ils.

Tous voulurent lui faire accepter leur panier, comme elle l’avait prévu ; elle avait beau refuser, ils la suppliaient avec tant d’instances et, il faut le dire, avec un tel vacarme, une telle importunité, qu’elle ne savait plus auquel entendre. La maman, après avoir ri un instant de leurs clameurs et de leurs sauts, les appela, en disant qu’elle avait un secret à leur confier, et que Camille ne devait pas l’entendre. Ils accoururent tous, et, après avoir écouté