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— Non, pas si loin, répondit Camille en riant ; seulement un peu en arrière. »

Léonce avait été chercher des allumettes ; tout était prêt ; il fit partir l’allumette, alluma les feuilles sèches qui tenaient aux branches mortes ; en deux minutes le bois fut en feu. Camille avait emmené les enfants à vingt pas plus loin ; tous l’avaient suivie ; Sophie même s’était éloignée tout en riant de leurs terreurs.

Le feu brûlait, le bois se consumait, rien ne sautait. Sophie commençait à triompher.

« Je t’avais bien dit qu’il n’y avait pas de danger.

Camille.

Attends encore ; les marrons ne sauteront que lorsqu’ils seront assez échauffés pour que la peau éclate en se fendant.

Sophie.

Mais tu vois bien que le feu va bientôt s’éteindre.

Jacques.

Je crois vraiment que nous pouvons… »

Jacques n’eut pas le temps de finir sa phrase ; une forte explosion se fit entendre, et l’on vit les marrons, les cendres, les petits restes de bois enflammés sauter et se répandre dans toutes les directions et à une distance assez grande du foyer pour faire fuir les enfants plus loin encore.

« Camille avait raison, dit Jacques quand l’émotion fut un peu calmée.

Sophie.

C’est incroyable que des marrons puissent lancer