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de Mme de Chattemur, qui aidait même à les déguiser. Quand ils étaient habillés, ils allaient se faire voir au salon ; quelquefois ils y jouaient une charade.

La bonne et la maman achevaient de déguiser Sophie en garde-malade.

« Une serviette sur le bras, dit Mme de Chattemur ; Mina, donnez-moi une serviette.

— Que demande madame ? je n’ai pas compris, dit Mina en allemand à Léonce.

— Elle demande un vase de nuit, répondit-il de même.

— Oh ! est-ce possible, monsieur Léonce ?

— C’est très vrai, et vous devez l’apporter au salon, car Sophie va faire la garde-malade de Valentine, et il lui faut un vase de nuit. »

Mina sortit avec quelque répugnance. En attendant son retour, qui se faisait attendre, Sophie et Valentine entrèrent au salon ; leur apparition, l’une en garde-malade et l’autre en malade coiffée d’un bonnet de coton, vêtue d’une veste de chasse faisant robe de chambre, provoqua un accès de rire au salon. La gaieté redoubla quand la porte en face s’ouvrit presque en même temps et fit voir Mina, troublée et rougissante, qui arrivait avec son vase à la main et se dirigeait vers Sophie.

« Je n’en veux pas ! je n’en veux pas ! » criait Sophie en riant et en se sauvant.

Mina, rouge et embarrassée, la poursuivait sans parler ; ne pouvant lui faire accepter son meuble,