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baguette sur les mains et s’avança sur elle d’un air menaçant. Caroline poussa un cri.

julien.

Ne touchez pas à mes dindes, ou je vous cingle les doigts d’importance.

caroline.

Que tu es bête ! Tu m’as engourdi les doigts, tant tu as tapé fort. On ne plaisante pas comme ça, Julien.

julien.

Je ne veux pas que vous touchiez à mes bêtes ; allez-vous-en.

caroline.

Mais puisque j’en ai acheté une à Mme Bonard ! C’est elle qui m’a envoyé ici pour la choisir.

julien.

Ta ! ta ! ta ! je connais cela. Je ne m’y fie plus. On m’en a déjà volé deux ; je ne me laisserai pas voler une troisième fois.

caroline.

Tu es plus sot que tes dindes, mon garçon. J’ai fait le prix avec Mme Bonard ; voici quatre francs pour payer ta dinde, est-ce voler, cela ?

julien.

Je n’en sais rien, mais vous n’y toucherez pas que Mme Bonard ne m’en ait donné l’ordre. Est-ce que je sais qui vous êtes et si vous dites vrai ?

caroline.

Puisque je t’appelle par ton nom, c’est que quelqu’un me l’a dit ; et ce quelqu’un, c’est Mme Bonard. Voyons, laisse-moi faire, et voici les quatre francs.