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m. georgey.

Caroline, my dear, vous acheter tous les turkeys de Madme Bonard, et tous les semaines vous prendre deux turkeys, et moi manger deux turkeys.

caroline.

Combien faut-il les payer, Monsieur ?

m. georgey.

Vous payer quoi demandait Madme Bonard, et vous faire mes salutations. Allez, my dear, vous courir vitement. »

La tête de M. Georgey disparut ; la fenêtre se referma. Caroline marcha vite d’abord ; quand elle fut hors de vue, elle prit son pas accoutumé.

« Quand je perdrais quelques minutes, se dit-elle, les tarké, comme il les appelle, n’auront pas disparu. Mais, avec lui, c’est toujours vite, vite. Il n’a pas de patience. C’est un brave homme tout de même, et les Bourel le savent bien. Ils l’attrapent joliment. C’est le garçon surtout que je n’aime pas. Il trompe ce pauvre M. Georgey que c’est une pitié. Je finirai bien par le démasquer tout de même. Tiens ! le voilà tout juste ; il sort du café Margot. Où prend-il tout l’argent qu’il dépense ? Ce n’est toujours pas le père qui lui en donne ; car il est joliment serré. Tiens ! voilà le petit Bonard qui le rencontre… Ils entrent dans le bois, qu’est-ce qu’ils ont à comploter ensemble ? Ça me fait l’effet d’une paire de filous. »

Tout en observant et en réfléchissant, Caroline était arrivée chez les Bonard ; elle ne trouva que la femme et lui fit de suite la commission de M. Georgey.