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volé les dindons. J’ai seulement eu tort de le voir après que vous me l’avez défendu.

bonard.

Tu mens. Je sais tout ; avoue ta faute franchement. Raconte comment la chose est arrivée, et comment Alcide a pu vendre mes dindons à l’Anglais.

frédéric.

Alcide était convenu de me rencontrer dans le petit bois le soir quand je serais seul ; il m’attendait. J’ai envoyé Julien les deux fois me faire une commission, pour qu’il ne me vît pas avec Alcide ; j’ai couru dans le bois ; je l’ai trouvé avec l’Anglais ; puis Alcide a disparu un instant ; il est revenu avec un dindon sous le bras. Avant que j’aie pu l’en empêcher, il a fait le marché avec l’Anglais, qui est parti de suite emportant le dindon. Alcide m’a donné deux francs, me demandant de n’en rien dire ; j’étais tout ahuri, je ne savais ce que je faisais ; Alcide s’est sauvé, et moi je m’en suis allé aussi.

bonard.

Et les deux francs ?

frédéric.

Je n’ai pu les rendre, Alcide s’était sauvé.

bonard.

Et la seconde fois ?

frédéric.

Ça s’est fait de même.

bonard.

Et tu t’es laissé faire, sachant ce qui allait arriver ? Et tu as encore empoché l’argent, sachant