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Juliène, tu étais une pétite malhonnête, une pétite voleur, une pétite… abomin’ble.

bonard.

Ah çà ! Monsieur, aurez-vous bientôt fini vos injures ?

l’anglais.

Jé vous parlais pas, sir. Jé vous connaissais pas. Laissez-moi la tranquillité. Jé parlais au pétite ; il était une pétite gueuse, et jé voulais boxer lui.

bonard.

Si vous y touchez, je vous donnerai de la boxe ; essayez seulement, vous verrez ! »

L’Anglais, pour toute réponse, se mit en position de boxer, et Bonard aurait reçu un coup de poing en pleine poitrine s’il n’avait esquivé le coup en faisant un plongeon ; l’Anglais s’était lancé avec tant de vigueur contre Bonard, qu’il trébucha et alla rouler dans le jus de fumier, la tête la première.

Julien courut à son secours et l’aida à se relever, pendant que Bonard riait de tout son cœur.

L’Anglais était debout, ruisselant d’une eau noire et infecte.

« Oh ! my goodness ! Oh ! my God ! » répétait-il d’un ton lamentable, mais sans bouger de place.

Mme Bonard avait entendu quelque chose de la scène et de la chute ; elle sortit, et, voyant ce malheureux homme noir et trempé, elle vint à lui.

« Mon pauvre Monsieur, s’écria-t-elle, comme vous voilà fait ! Entrez à la maison pour vous débarbouiller et nettoyer vos vêtements. »

L’Anglais la regarda un instant ; la physionomie