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bien tout seul. Allons, en route, mes dindes, et ne nous écartons pas. »

Julien fit siffler sa baguette, les dindes se mirent en route ; l’Anglais, qui attendait à quelque distance le résultat de la négociation d’Alcide, ouvrit une grande bouche, écarquilla les yeux, et allait se mettre à la poursuite de Julien et de son troupeau, quand Alcide lui fit signe de ne pas bouger ; lui-même entra dans le fourré et se trouva en même temps que Julien au tournant du bois et près de la barrière. Profitant du moment où Julien quittait son troupeau pour ouvrir la barrière, il saisit une dinde qui était tout près du buisson où il se tenait caché, et l’entraîna vivement dans le fourré.

Puis, se glissant de buisson en buisson jusqu’à ce qu’il eût gagné l’endroit où l’avait quitté Julien, il sortit du bois et se retrouva en face de l’Anglais.

Celui-ci n’avait pas bougé ; il se tenait droit, immobile. Quand il vit venir Alcide avec la grosse hanimal sous le bras, il fit un oh ! de satisfaction.

m. georgey.

Combien que c’est, my dear ?

alcide.

Huit francs, Monsieur.

m. georgey.

Oh ! les autres c’était six.

alcide.

Oui, Monsieur, mais Julien n’a pas voulu donner à moins de huit, parce que la bête a quinze jours de plus que les deux dernières que vous avez mangées, et qu’elle est plus grosse.