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M. Georgey ne disait rien ; quelquefois il vantait l’état militaire.

« C’était si magnifique ! disait-il. C’était si glorieux ! »

Un jour, au moment du dîner, M. Georgey présenta une lettre à Frédéric.

m. georgey.

C’était lé colonel ; il demandait lé nouvelles de ta santé.

frédéric.

Que c’est bon à lui ! Excellent colonel !

julien.

Qu’est-ce qu’il te dit ? Lis-nous cela.

frédéric.

« Mon cher Bonard, je t’expédie ta libération du service et la croix que tu as si bien gagnée. Je veux te donner moi-même cette bonne nouvelle et te dire que je te regrette, toi qui étais une des gloires du régiment ; tes chefs et tes camarades te regrettent comme moi. Mais puisque le médecin déclare, d’après ce que me dit Georgey, que tu ne peux retourner en Afrique sans danger pour ta vie, je n’hésite pas à t’accorder ta libération du service. La voici bien en règle. Adieu, mon ami ; j’espère bien te revoir en pékin un jour ou l’autre.

« Ton ancien colonel du 102e chasseurs d’Afrique,
« Bertrand Duguesclin. »

Frédéric eut de la peine à aller jusqu’au bout ; la joie, la surprise, la reconnaissance lui étranglaient la voix. Quand il eut fini, il regarda