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Frédéric débarquaient à Toulon. Ils n’y restèrent que vingt-quatre heures, pour y prendre quelque repos. Frédéric écrivit à sa mère pour lui annoncer son arrivée avec M. Georgey.

Trois jours plus tard, ils entraient dans la ferme des Bonard. L’entrevue fut émouvante. Mme Bonard ne pouvait se lasser d’embrasser, d’admirer son fils et de remercier M. Georgey. Le père ne se lassait pas de regarder ses galons de maréchal des logis. Julien était tellement embelli et fortifié qu’il était à peine reconnaissable. Frédéric fut beaucoup admiré ; il avait grandi d’une demi-tête ; il avait pris de la carrure ; ses larges épaules, son teint basané, ses longues moustaches lui donnaient un air martial que Julien enviait.

« Et moi qui suis resté de si chétive apparence ! dit Julien en tournant autour de Frédéric.

frédéric.

Tu te crois chétif ? Mais tu es grandi à ne pas te reconnaître. Pense donc que tu n’as que dix-sept ans. Tu es grand et fort pour ton âge.

bonard.

Le fait est qu’il nous fait l’ouvrage d’un homme. Et toujours prêt à marcher ; jamais fatigué.

— Pas comme moi à son âge », dit Frédéric en souriant.

Il devint pensif ; le passé lui revenait.

m. georgey.

Allons, maréchal des logis, pas parler dé dix-sept ans. Parlé dé vingt-deux, c’était plus agréable. Voyez, papa Bonarde, combien votre garçon il