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le président.

Vous l’avez poussé ?

alcide.

Je l’ai poussé et je m’en vante : il n’avait pas le droit de me prendre au collet.

le président.

Il en avait parfaitement le droit, du moment que vous lui résistiez et que vous étiez ivre. Mais, de plus, vous lui avez donné un coup de poing.

alcide.

Il n’était pas bien vigoureux. Je n’avais pas toute ma force. Le vin, vous savez, cela vous casse bras et jambes.

le président.

Vous avez appelé vos camarades à votre secours, et spécialement Frédéric Bonard ? Pourquoi appeliez-vous, si vous n’aviez pas l’intention de lutter contre votre maréchal des logis ?

alcide.

Je ne voulais pas me laisser frapper ; l’uniforme français doit être respecté.

le président.

Est-ce par respect pour l’uniforme que vous frappiez votre supérieur ?

alcide.

Si je l’ai un peu bousculé, Bonard en a fait autant.

le président.

Il ne s’agit pas de Bonard, mais de vous.

alcide.

Si je parle de lui, c’est que je n’ignore pas qu’on veut tout faire retomber sur moi pour excuser Bonard.