Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/311

Cette page a été validée par deux contributeurs.
le président.

Mais avez-vous été touché par Bonard ?

le maréchal des logis.

Touché pour se défendre, oui, mais pas pour attaquer.

le président.

Comment cela ? Expliquez-vous.

le maréchal des logis.

C’est-à-dire que lorsque Bourel l’a appelé, il est arrivé, mais en chancelant, parce que le vin lui avait ôté de la solidité. Quand il a approché, je l’ai poussé, il a voulu s’appuyer sur Bourel, et il s’est trompé de bras et de poitrine, je suppose, car c’est sur moi qu’il a chancelé. Je l’ai encore repoussé ; il est revenu tomber sa tête sur mon épaule. Puis le poste est accouru ; on les a empoignés tous les deux ; mais il y a une différence entre pousser et s’appuyer.

— C’est bien ; vous pouvez vous retirer », dit le président en souriant légèrement.

Le maréchal des logis se retira en s’essuyant le front ; la sueur inondait son visage. Frédéric lui jeta un regard reconnaissant.

Les hommes du poste déposèrent dans le même sens sur ce qu’ils avaient pu voir.

Quand les témoins furent entendus, on interrogea Alcide.

le président.

Vous avez appelé le maréchal des logis face à claques, gros joufflu, canaille ?

alcide.

C’est la vérité ; ça m’a échappé.