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m. georgey.

Lui avoir dix avocats, ça fait rien à moi. Vous pouvez pas défendre moi parler pour une malheureuse créature très fort insultée. L’Alcide était une scélérate ; et moi voulais dire elle était une scélérate, une menteur, une voleur et autres choses.

le colonel.

Parlez tant que vous voudrez, mon cher, si Frédéric y consent ; seulement je crains que vous ne lui fassiez tort en voulant lui faire du bien.

m. georgey.

No, no, jé savais quoi jé disais ; j’étais pas une imbécile ; jé dirai bien. »

L’heure du dîner arrêta la conversation. M. Georgey mangea comme quatre, et remit au lendemain sa visite au prisonnier.

Frédéric végétait tristement dans son cachot. Ses camarades profitaient pourtant de l’amitié que lui témoignaient les officiers et le maréchal des logis pour lui envoyer toutes les douceurs que peuvent se procurer de pauvres soldats en garnison en Algérie ; son morceau de viande était plus gros que le leur ; sa gamelle de soupe était plus pleine, sa ration de café un peu plus sucrée. On lui envoyait quelques livres ; la cantinière soignait davantage son linge ; sa paillasse était plus épaisse ; tout ce qu’on pouvait imaginer pour adoucir sa position était fait. Frédéric le voyait avec reconnaissance et plaisir ; il en remerciait ses camarades et ses chefs. L’aumônier venait le voir aussi souvent que le lui permettaient ses nombreuses occupations ; chacune