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« Comment Georgey a-t-il pu s’attacher à un voleur et me le recommander en termes aussi vifs et aussi affectueux ? »

Pendant qu’il se livrait à ces réflexions, il entendit un débat à la porte d’entrée entre sa sentinelle et une personne qui voulait pénétrer de force dans la maison. Il écouta…

« Dieu me pardonne, s’écria-t-il, c’est Georgey ! Je reconnais son accent. Il veut forcer la consigne. Il faut que j’y aille, car ma sentinelle serait capable de lui passer sa baïonnette au travers du corps pour maintenir la consigne. »

Le colonel se leva précipitamment, ouvrit la porte et descendit. M. Georgey voulait entrer de force, et la sentinelle lui présentait la pointe de la baïonnette au moment où le colonel parut.

« Georgey !… s’écria-t-il. Sentinelle, laisse passer. »

Le soldat releva son fusil et présenta arme.

le colonel.

Entrez, entrez, mon ami.

m. georgey.

Une minoute, s’il vous plaisait. Soldat, vous avoir bien fait ; moi j’étais une imbécile, et vous étais bon soldat français. Voilà. Et voilà un petit récompense. »

M. Georgey lui présenta une pièce de vingt francs. Le soldat ne bougea pas ; il restait au port d’armes.

m. georgey.

Quoi vous avez, soldat français. Pourquoi vous pas tendre lé main ?