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le maréchal des logis.

Au revoir, mon pauvre Bonard. Quand tu seras plus calme, je reviendrai avec le lieutenant pour savoir le détail de ce qui s’est passé avant mon arrivée. Espère, mon ami, ne te laisse pas abattre. Les officiers auront égard à ta bonne conduite, à ta bravoure. Le colonel, le premier, fera ce qu’il pourra pour toi.

frédéric.

Merci, mon maréchal des logis ; merci du fond du cœur. »

En sortant de chez Bonard, le maréchal des logis entra dans le cachot d’Alcide.

« Que voulez-vous ? dit ce dernier d’un ton brusque.

le maréchal des logis.

Je veux voir si tu as regret de ta conduite d’hier. Le repentir pourrait améliorer ta position et disposer à l’indulgence.

alcide, d’un ton bourru.

Me prenez-vous pour un imbécile ? Est-ce que je ne connais pas le code militaire ? Croyez-vous que je ne sache pas que je serai fusillé ? Ça m’est bien égal. Pour la vie que je mène dans votre sale régiment, j’aime mieux mourir que traîner le boulet. Chargez-moi, inventez, mentez, je me moque de tout et de tous.

le maréchal des logis.

Je vous engage à changer de langage, si vous voulez obtenir un jugement favorable.

alcide.

Je ne changerai rien du tout : je sais que je dois