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gredinet.

Laisse-moi faire ; je me charge de lui faire avaler plus qu’il ne lui en faut pour faire passer ses jaunets dans notre poche.

alcide.

Essayons ; c’est notre dernière journée, nous n’avons plus à le ménager. »

De concert avec Alcide, Gueusard et Gredinet se chargèrent du vin et de l’eau-de-vie. Ils allèrent en demander à la cantine pour le compte de l’ami Bonard ; on savait qu’il payait bien, et on livra aux deux amis tout ce qu’ils demandèrent, dix bouteilles de vin du Midi, du plus fort, et six bouteilles d’eau-de-vie et de liqueurs travaillées avec de l’esprit-de-vin, et autres ingrédients nuisibles.

Après l’exercice, Frédéric se rendit à la chambrée, comme il l’avait promis ; les amis y étaient déjà.

alcide.

Tu es exact, et tu l’as toujours été.

fourbillon.

Je ne m’étonne pas que le colonel t’ait pris en gré ; tu fais le meilleur soldat du régiment.

renardot.

Et ce n’est pas seulement le colonel qui t’aime, tous tes supérieurs ont de l’amitié pour toi.

gueusard.

Tu iras loin, c’est moi qui te le dis.

alcide.

Ma foi, je ne serais pas étonné que nous ayons un jour à te présenter les armes et à t’appeler mon général.