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fourbillon.

Fumes-tu quelquefois ?

frédéric.

Non, ce n’est pas mon habitude.

fourbillon.

Tant pis, je t’aurais demandé un cigare ; j’ai un mal du dents à me rendre fou, et pas un centime pour en acheter un.

frédéric.

Qu’à cela ne tienne. Je n’ai pas de cigares, mais j’ai de quoi en acheter. Combien t’en faut-il ?

fourbillon.

Cela dépend des camarades. S’ils veulent fumer en ton honneur, pour fêter ta bienvenue, et si tu es généreux, comme on le dit, tu lâcheras bien deux cigares par tête.

frédéric.

Deux, c’est trop peu ; mettons en quatre ; nous sommes six ; mais comme je n’en suis pas, cela fait vingt cigares. À combien la pièce ?

gueusard.

Pour en avoir de passables, faut bien y mettre quinze centimes ; ça fait trois francs.

frédéric.

Tiens, voilà cinq francs. Va à la provision.

gueusard.

Tu mérites bien ta réputation, brave camarade. J’y cours, et vous ne m’attendrez pas longtemps.

alcide, bas à Frédéric.

Tu as bien fait, Frédéric. Ce sont de pauvres gens qui n’ont pas le sou, comme moi ; ils sont re-