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gueusard.

Fais comme tu voudras ; mais je dis, moi, qu’il faut commencer par lui faire payer la bienvenue, et l’enivrer si nous pouvons.

gredinet.

Et le dévaliser après, son Anglais le remplumera.

alcide.

Et tu crois, imbécile, qu’il se laissera faire comme un oison, sans même ouvrir le bec pour crier ?

fourbillon.

Qu’il crie, qu’il piaille, je m’en moque pas mal, quand j’aurai vidé son gousset.

renardot.

Et quand il crierait, qu’est-ce que cela nous fait ? Il ne portera pas plainte, puisqu’il se sera grisé avec nous.

alcide.

Faites comme vous voudrez ; seulement vous ferez fausse route, c’est moi qui vous le dis.

gueusard.

C’est ce que nous allons voir. Voilà l’ouvrage de la caserne fini ; tu vas nous présenter et lever le premier le lièvre de la bienvenue.

alcide.

Je n’en soufflerai pas mot. Ce serait tout perdre… Mais tenez, le voilà qui débusque dans la cour. Suivez-moi. »

Alcide, suivi de sa bande, se dirigea vers Frédéric qui venait prendre l’air ; la journée avait été brûlante, chacun cherchait à respirer avant l’heure de la retraite.