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ferai faire connaissance avec mes amis, en lui disant que ce sont de braves jeunes gens qui ont besoin de bons conseils, de bons exemples ; que nous lui demandons de nous diriger, de nous compter parmi ses amis. Je saurai bien l’empaumer ; il est faible, et, une fois pris, nous profiterons de l’argent que lui envoie son imbécile d’Anglais pour faire des parties. C’est ça qui est amusant ! Et nous n’avons pas le sou, nous autres pauvres diables ! Il faut que je fasse la leçon aux amis. Qu’ils n’aillent pas se trahir devant lui ! Ils perdraient tout, les gredins ! »

Alcide alla en effet à la recherche de ses camarades, leur expliqua qu’il fallait viser à la bourse de Frédéric, et que pour cela il fallait paraître sages, tranquilles, bons soldats, en un mot.

« Quand il sera pris une fois seulement en manquement de service, nous le tiendrons et nous le ferons marcher. Le tout, c’est de savoir s’y prendre. »

Il continua ses recommandations et ses explications ; les autres finirent par l’envoyer promener.

« Est-ce que tu nous prends pour des imbéciles, pour nous mâcher la besogne comme tu le fais ? Nous saurons bien l’entortiller sans que tu t’en mêles.

alcide.

Non, vous ne le connaissez pas ; vous ne saurez pas le prendre ; il vous échappera, et j’en porterai la peine : il connaît bien le proverbe : Qui se ressemble s’assemble.