Page:Ségur - Le mauvais génie.djvu/242

Cette page a été validée par deux contributeurs.

peuvent plus se supporter depuis ce jour terrible où vous avez empêché un si grand malheur. Le père ne peut pas voir le fils sans qu’il se sente pris d’une colère qui devient de plus en plus violente. Et le fils a pris son père en aversion, sans pouvoir vaincre ce mauvais sentiment. Je suis dans une crainte continuelle de quelque scène épouvantable. Ce matin, ils ont eu un commencement de querelle, que j’ai arrêtée avec difficulté. Frédéric voulait s’engager comme soldat ; le père lui disait qu’un voleur n’était pas digne d’être militaire. Ils se sont dit des choses terribles. J’ai heureusement pu les séparer en entraînant Frédéric ; mais si une chose pareille se passait en mon absence, vous jugez de ce qui pourrait en arriver. »

L’Anglais ne répondit pas ; il réfléchissait et la laissait pleurer… Tout à coup il se leva et se plaça devant elle les bras croisés.

« Madme Bonarde, dit-il d’une voix solennelle, avez-vous croyance… c’est-à-dire confidence à moi ?

madame bonard.

Oh oui ! Monsieur, toute confiance, je vous assure.

m. georgey.

Mille mercis, Madme Bonarde. Alors vous tous sauvés et satisfaits.

m. georgey.

Comment ? Que voulez-vous faire ? Comment empêcherez-vous le père de rougir de son fils, et le fils de garder rancune à son père ?