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zèle et une fidélité qui étaient vivement appréciés par le brave Anglais. Bien des fois M. Georgey avait voulu récompenser généreusement Julien de ses services ; Julien avait toujours refusé ; et quand son maître insistait, sa réponse était toujours la même.

« Si vous voulez absolument donner, Monsieur, donnez à Mme Bonard ce que vous voulez me faire accepter et ce que je suis loin de mériter.

Very well, my dear, répondait M. Georgey ; moi porter à Madme Bonarde. »

Et il remettait en effet à Mme Bonard des sommes dont nous saurons plus tard le montant, car M. Georgey lui avait défendu d’en parler, surtout à Julien, qu’il aimait et qu’il voulait mettre à l’abri de la pauvreté.

« Il refuserait, disait-il, et moi voulais pas lé abandonner sans fortune. Moi voulais Juliène manger des turkeys. »

Un jour il trouva Mme Bonard seule, pleurant au coin de son feu.

m. georgey.

Quoi vous avez, povre Madme Bonarde ? Pourquoi vous faisez des pleurements ?

madame bonard.

Ah ! Monsieur, j’ai bien du chagrin ! Je ne peux plus me contenir. Il faut que je pleure pour me soulager le cœur.

m. georgey.

Pour quelle chose le cœur à vous était si grosse ?

madame bonard.

Parce que, Monsieur, mon mari et Frédéric ne