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pas si horrible ; il avait écouté l’Alcide abominable. Jé croyais il avait du chagrinement, du repentissement ; qu’il ferait plus jamais une volerie si méchant. Mais j’avais dit à vous, pour que le povre Madme Bonarde, et vous Master Bonard, vous savoir comment a fait votre garçone. C’était très fort vilaine, et lé pauvre Juliène avoir rien fait mauvais. Ce n’était pas sa faute avoir pris beaucoup dé boisson dé vin ; c’était moi lé criminel, lé malheureuse, avoir fait ivre lé pauvre pétite. J’avais donné méchant exemple au pétite. J’avais une honte terrible, j’avais un chagrinement horrible ; jé prenais résolution jamais boire davantage plus un seul bottle vin. Jé promettais, jé assurais, jé jurais. Un seul bouteille. J’avais fait jurement à mon cœur. »

Mme Bonard sanglotait. Bonard avait laissé tomber sa tête dans ses mains et gémissait. Frédéric, atterré, plus pâle qu’un linge, s’était affaissé sur ses genoux et n’osait bouger. Julien pleurait en silence.

M. Georgey les regardait avec pitié.

« Povres parents ! j’avais devoir de parler. Pour les turkeys, moi j’avais rien dit ; et moi avais fait découverte que les deux étaient pétites voleurs. J’avais croyance qué plus jamais voler des turkeys, et j’avais acheté tous les turkeys pour empêchement voler eux. Mais je ne pouvais pas faire un cachement d’hier ; c’était trop mauvais.

— Et le vol de l’armoire ! s’écria tout à coup Bonard en s’élançant sur Frédéric et le saisissant par les cheveux : dis, parle ; avoue, scélérat !